A l’institut français situé au centre-ville de la capitale burkinabé, Warren Saré expose du 8 au 30 janvier des portraits de Dozo, ces forces spéciales traditionnelles.
26 ! C’est le nombre de pièces retenues pour placarder le mur de l’ex Ccf. Elles sont de 40X50 cm. D’eux d’entre ces 26, la 24 et la 14 ont été retirées sur bâches pour un format de 2X1m. Plus imposante donc. Un passage en revue, montre des visages où s’écrivent des histoires intenses. Pour certains l’effet du temps. Sur d’autres, les affres de l’existence, certains autres, les scarifications intérieures que la face est chargée de tenter de falsifier, souvent sans succès réel. Des visages qui cultivent le secret. Les portraits 3 et 18 sont recouverts de plumes de volailles. Les portraiturés sont vêtus d’habits semblables à des peaux d’animaux, armés d’un poignard ou plusieurs, d’une daba, d’une pioche, d’une carabine et de fétiches, de cornes d’animaux. Ni gendarmes, ni policiers, ni militaires, ni civiles, ni religieux, ils représentent une force et pallient l’absence des forces de l’ordre, usent des pouvoirs mystiques, destinés au départ à maîtriser les animaux féroces.
Cet énarque de dozo
Dans la salle à côté, un documentaire permet de mettre en situation les animateurs de cette confrérie. On les voit en situation en train pour certains d’expliquer en langue qu’il est déconseillé de courtiser la femme d’autrui car on risque la peine de mort. C’est le cas de Richard Kaboré. Moussa Barro lui vante ses exploits médicamenteux et thérapeutiques. Quand arrive la prise de parole de Konomba Traoré, se dissipent tous les préjugés qui souillent l’image de ces hommes. Et pour cause. Né en 1947, l’homme-chef de société sécrète du Fétiche Konon Sénoufo entretient des rapports non conflictuels avec la langue française, en plus de la maitrise des langues locales. Bien au contraire. Au fil du documentaire, on apprend que c’est un énarque. Administrateur Civil, il a été préfet et Maire de Fadah N'Gourma, Sindou, Bogandé, Gaoua, Kaya, maire intermédiaire de Ouagadougou (1983-84). Homme de culture, il a dirigé le Centre national d'Artisanat d'Art (CNAA) de 1986 à 1988. Artiste multidisciplinaire, il peint, dessine, conte, écrit et a obtenu le 1er prix en musique traditionnel instrumental à la Semaine Nationale de la Culture (SNC). Musicologue, il est professeur de musique et a participé à la musique du film Buud Yam de Gaston Kaboré, étalon de Yennega en 1997.
Si 26 portraits sur fond noir sont exposés, le travail qui a nécessité de visiter plusieurs sites : Ouagadougou, Bobodioulasso, Manga, Toussana aura poussé Warren Saré à rencontrer 400 Dozos.
On a donc hâte de découvrir les photos instantanées, offrant les gardiens de la tradition in situ, dans leur environnement. On a aussi hâte que ces images fassent le tour des autres Institut français d’Afrique dont celui de la Côte d’Ivoire. Pays qui compte lui aussi des Dozos et des photographes ivoiriens. Interrogé sur ce pays voisin, Warren Saré se fait bavard : « Je connais bien la Côte d’Ivoire. J’y ai mon amie et collègue Macline Hien. Et j’y avais mes premiers studios ». Abidjan attend donc Warren et ses Dozos. Lui qui photographe depuis l'âge de 13 ans a consacré au mois de septembre 2020, un documentaire et un beau livre de 158 pages aux anciens combattants.
ALEX KIPRE
Content created and supplied by: Mansap (via Opera News )
COMMENTAIRES
GUEST_9Orl0d9Qk
01-19 08:30:30C est bien mais ils feront mieux d aller montrer leurs forces dans le Nord,le centre Nord et l Est du pays. On a vraiment besoin d eux là-bas
WillyBravoGuy
01-13 14:34:18pour dir quoi au juste ?
OlivierOuedraogo_12
01-12 21:10:51C'EST UNE PRÉSENTATION D'AMULETTES (CORNES, PLUMES, SQUELETTES...). À CHACUN SON DIEU. BONNE CHANCE.