Le secteur informel exerce des effets assez pervers sur l’économie d’un pays, au moins dans quatre domaines :
* il représente d’importantes pertes de recettes fiscales, et donc de capacités de financement des investissements publics. Ceci renforce la dépendance de l’État vis-à-vis de la fiscalité « de porte » (droits de douane sur importations et exportations) et gène sa capacité à s’ouvrir sur le plan commercial. De manière générale, le secteur informel échappe largement aux politiques publiques ;
* le second effet pervers concerne le secteur moderne : Les entrepreneurs du premier secteur exercent une concurrence déloyale vis-à-vis de ceux du second : ils développent des coûts moindres puisqu’ils échappent aux charges fiscales et sociales – tout en maintenant une productivité plus faible ;
* aussi, les entreprises modernes deviennent moins attractives, notamment pour les investisseurs, ce qui a pour effet de freiner l’investissement au sein du secteur régulier ;
* enfin, l’informel empêche l’établissement de relations juridiques stables qui sont indispensables à la vie des affaires.
De plus, le secteur informel présente des coûts pour les entreprises :
- c’est un secteur caractérisé par une grande précarité des conditions d’activité : locaux inadaptés, non accès aux principaux services publics nécessaires à toute exploitation viable d’une entreprise : eau, électricité, téléphone, infrastructures indispensables ; les entrepreneurs de l’informel, sans stocks ni réserves financières, rencontrent des difficultés d’approvisionnement régulier en matières premières. La main-d’œuvre utilisée est souvent recrutée sur des critères familiaux et ethniques plus que sur la compétence supposée du travailleur. Quant à la gestion, elle ne repose sur aucune comptabilité précise, car il n’y a pas de tenue de comptes régulière ;
- en outre, les structures de production connaissent des difficultés d’accès au financement. Les principales sources de financement du capital du secteur informel sont l’épargne, le don ou l’héritage ; le secteur informel passe à côté des circuits officiels de financement. Parce qu’il ne peut emprunter, sa capacité d’accumulation du capital est réduite. Or, un sous-investissement chronique induit une faible productivité, donc une faible croissance de la production et des revenus.
Enfin, sur le plan social, cette faiblesse de la productivité et ce frein à la croissance constituent un des éléments constitutifs d’une « trappe à pauvreté » dans nombre de pays pauvres, freinant le développement à moyen et long terme même si, à court terme, il permet à beaucoup de survivre. La faiblesse des bénéfices du secteur informel l’empêche d’investir, d’où peu de création d’emplois, de faibles rémunérations, un non-respect des conditions de travail décent et des risques importants en termes de santé publique (travailleurs et consom-mateurs). De plus, le mode de fonctionnement de l’informel ne permet pas d’assurer le financement des dépenses de santé et de retraite.
On voit donc que se met en place, du fait de telles conditions de fonctionnement, un véritable cercle vicieux, qui empêche et contredit toute amorce de démarrage d’un véritable processus de développement.
En conclusion, nous sommes dans un entre-deux extrêmement ambigu et dangereux : le « secteur populaire » est un recours social, mais un danger économique en termes de développement du secteur « moderne
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