Vendeuses ou fumeuses de poissons, elles sont nombreuses ces ouvrières au fumoir à poisson à souffrir le martyre chaque jour pour approvisionner le marché en ressources halieutiques. Immersion dans un secteur important de l'économie où galère et précarité devenaient le lot quotidien de ces femmes.
L'année vient de s'achever dans la fumée, les étincelles, flammes et émanations volatiles de toutes sortes de ressources halieutiques comme le poisson et elle s'y poursuit pour dame Loulou, et ces nombreuses ouvrières que nous rencontrons sur le site de Vridi-cité, appelé communément Zimbabwé. La cinquantaine environ, cette mère de famille de 5 enfants dont la benjamine au dos, côtoie, depuis la veille, l'épaisse fumée noire des flammes qui nourrit les fûts sur lesquels reposent des grillages faisant office de support à la variété de dizaines de poissons rapportés par les pêcheurs. Les yeux lamoyants, elle dépeint les conditions de travail. " Depuis hier, 16 heures, je suis sur pied, avec ma dernière au dos, bravant pluie et soleil. Je nettoie, découpe et sèche les poissons. Tout celà, à la main exposant mes yeux au danger. Si je ne fais pas personne ne va s'occuper de ma famille", confie-t-elle. C'est donc au prix de milles et un sacrifices que ces femmes parviennent à la commercialisation de leurs produits.
À deux mètres de là, un hangar de fortune servant d'abri et de commerce. Comme dame Loukou, elles sont nombreuses ces ouvrières au fumoir à poisson confinées dans cet espace restreint, crasseux, lugubre obscurci comme par de la graisse.
Dans ce secteur d'activité de production halieutique, la précarité des conditions de travail se la dispute aux problèmes familiaux. Dans la majeure partie des cas.
" Du fait que le fumage du poisson se poursuit, soutient une ouvrière, très tard dans la nuit et même jusqu'au bout du rouleau de l'aube, plusieurs femmes de ce secteur n'ont plus de vie de famille car elles dorment sur place ". Et une autre d'ajouter en décrivant sa situation:
" je n'ai plus de mari depuis qu'il m'a chassée. Je dors sur le site au milieu des poissons et de leurs odeurs, les enfants sont chez mes soeurs". " Je prie Dieu, poursuit-elle, qu'il me donne une maison où mes enfants et moi allons être réunis".
" De la dignité retrouvée et un mieux-être assuré "
À Locodjoro, au débarcadère d'Abobo- Doumé, le décor et la réalité sont tout autre. La donne aussi est à la solidarité et un seul mot d'ordre reste en suspens : l'union. L'idée de se mettre en coopérative a fait son chemin depuis lors comme moyen de sortir de l'impasse. " on a compris que devant toutes les souffrances que rencontraient ces femmes, l'union et la solidarité restaient nos voies de secours", explique madame Dion Somplehi Micheline , présidente de l'association des femmes du secteur de la pêche et assimilées en Côte d'Ivoire.
Madame Dion Somplehi Micheline et kalou bi lors de la signature de la convention
De cette union, de nombreux fours solaires, en remplacement des fûts métalliques fumants et vétustes, ont vu le jour pour permettre une meilleure valorisation du métier et et une rentabilité au mieux des ventes . " on a noté depuis lors que les ventes se sont accrues, un sentiment de dignité retrouvée chez ces femmes et un bien-être notable", témoigne Dackoury Jean-de-dieu, capitaine de la marine et secrétaire général du syndicat des marins pêcheurs de Côte d'Ivoire.
Tous les acteurs du secteur de la pêche étant réunis en vue d'offrir un mieux-être à la corporation
De plus, ces ouvrières ne comptent pas en rester là. Leur désir de se trouver un toit a eu des échos retentissants en des personnes de bonnes volontés. Ainsi, en partenariat avec un constructeur immobilier, un vaste programme de construction immobilière, dans un système de location-vente, au profit des mareyeuses et dont la signature de la convention a eu lieu ce samedi 9 Janvier, verra le jour sous peu du côté de la Commune de Songon. " Il s'agit d'un ensemble de maisons comprenant aussi bien des logements et des services qui seront mis au service des acteurs du secteur de la pêche d'ici peu", témoigne kalou bi Paolo gérant de l'entreprise.
Si ce rêve venait à se concrétiser se sera une très grande contribution au développement du secteur de la pêche et en faveur d'une corporation féminine qui ne cesse de tenir le haut du pavé dans ce secteur pourvoyeur de richesses.
Richard Gallet
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