Les pays africains, pour la plupart, sont connus pour être des nations agricoles. Pourvoyeurs de matières premières agricoles aux pays industrialisés, ces nations africaines paradoxalement sont encore pauvres et endettées. Et la Côte-d'Ivoire n'en est pas épargné.
Les cultures de rentes pratiquées en Côte-d'Ivoire sont, pour les plus connues, le cacao, le café, le coton, l'hévéa et l'anacarde. Ainsi, avec cette liste prestigieuse, le pays passe pour être comme "où tout réussit". Or, les producteurs ne sont, généralement, pas nantis à cause de difficultés d'écoulement ou de bas prix de leurs récoltes.
Le cacao
Sur le plan international, c'est pour cette culture que la Côte-d'Ivoire est connue puisque nous en sommes les premiers producteurs mondiaux. Pour notre cacao, nous faisons beaucoup le bonheur de millions de petits blancs amateurs de chocolat. Par ricochet, plusieurs employés des chocolateries vivent grâce au labeur des paysans ivoiriens. Et pourtant, les producteurs sont encore au niveau de réclamer des meilleures conditions de vie. Le prix de 1000f fixé cette année passe mal auprès des acheteurs-exportateurs. Ce prix bord champ est jugé comme exorbitant. De plus, le différentiel de revenu décent, prime spéciale de 243500f instituée par la Côte-d'Ivoire et le Ghana et qui rentre en vigueur cette année est devenu une pomme de discorde entre producteurs et exportateurs. En réalité, à l'inverse de ce qu'on voit avec les plaquettes de chocolat, les acheteurs veulent toujours imposer leur prix aux États producteurs. Et les autres cultures ne connaissent pas un meilleur sort.
La graine de cajou
Encore connue sous le nom d'anacarde, le cajou est produit au Nord et au centre. C'est une plante qui ne donne des fruits de qualité qu'en dehors des zones trop humides. Ainsi, dans le Nord ivoirien, les plantations de cette culture s'étendent partout, malheureusement, au détriment, très souvent, des cultures vivrières. À ce jour, la Côte-d'Ivoire est devenue là tête de liste mondiale des pays producteurs en coiffant l'Inde qui a longtemps été leader. Le seuil de 400.000 tonnes par an est franchi par notre pays qui ne consomme pourtant pas, ne serait-ce que les 1% de cette culture. En fait, elle ne rentre pas dans notre tradition alimentaire. Aucun producteur, à part sucer quelques pommes lors de la récolte, ne peut vous dire ce qu'on fait de sa noix. Aussi, le produit est totalement dépendant du bon vouloir de l'extérieur : des indiens eux-mêmes grands producteurs, des USA et autres. En conséquence, quand le marché est saturé, c'est la désolation chez les paysans. C'est d'ailleurs le cas pour la dernière récolte. Plusieurs productions ont été enlevées à crédit sous la période du pic du covid19. Et jusqu'à ce jour, ces paysans dans plusieurs régions du Nord attendent encore d'être payés. Pour d'autres, les produits sont stockés encore dans les maisons faute d'un bon preneur.
Le véritable problème, est que tout le monde semble braqué sur cette culture en reléguant aux seconds rangs la culture du riz, du maïs et surtout de l'igname. Or, ce sont ces cultures peu à peu délaissées qui sont consommées au quotidien. Qui donc fera comprendre à ces producteurs qu'une fortune se trouve également dans le vivrier ?
L'hévéa
En voici une autre culture très utile. Matière première pour la production de pneus, de sachets plastiques, de chaussures, de fauteuils plastiques, de bassines et seaux, etc., le latex issu de l'hévéa, a aussi connu une chute de son prix depuis plus de six ans maintenant dans notre pays. Ici, on se demande quel est le problème ? Y a-t-il surproduction ? Le latex ivoirien est-il de mauvaise qualité ? Seuls des spécialistes pourraient répondre.
Quoi qu'il en soit, le problème de l'hévéa s'apparente à celui du cajou. Il occupe la quasi totalité des terres cultivables dans ses zones de culture et la production de banane plantain en prend un coup, la forêt aussi.
Le café
De plus en plus, les ivoiriens s'intéressent à la consommation du café. Les tablettes " aboki " croissent en effet aux abords des gares, des établissements scolaires et dans les lieux publics fréquentés. Dans les familles, surtout aisées ou moyennement nanties, les tasses de café chaud sont aussi de plus en plus au menu.
C'est peut-être l'une des raisons pour laquelle le café commence à connaître une amélioration de son prix. Depuis, quelques années, le prix bord champ tourne autour de 600 f. Même si comparativement au coût du produit fini, le prix du kilogramme est encore faible, les paysans, eux, ne s'en plaignent pas trop comme pour d'autres cultures. Il faut aussi reconnaître que de plus en plus de café est moulu sur place, soit de façon artisanale soit industriellement. Le réel problème de la mévente de nos cultures industrielles résiderait là, dans la non-transformation de ces matières premières.
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