Sign in
Download Opera News App

 

 

Mines de Hiré / Dago Auguste (Député) : "les débats ne sont pas démocratiques"

Jeune député élu sous la bannière EDS, dans la circonscription électorale de Hiré-Zego, Auguste Dago fait partie des politiciens les plus en vu, tant dans sa région natale, le Loh-djiboua, qu'au plan national. Réputé très proche de la population de sa circonscription, dans cet entretien, il s'indigne face au retard de développement inexplicable de Hiré, sa ville natale. Pourtant zone aurifère.

Élu sous la bannière Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), Laurent Gbagbo, votre référent politique a émis l'idée de la création d'un nouveau parti, qu'en pensez-vous ?

Je pense que c'est une bonne décision. Et les raisons sont pertinentes. Nous avons en ligne de mire un combat, un objectif. Dans les textes, le FPI a été créé pour mener la bataille de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, de sa souveraineté et son développement. C'est ce combat que nous avons en ligne de mire. En clair, le FPI, en tant que structure n'était qu'un outil de combat. C'est ce que les gens perdent de vue très souvent. Même l'accession au pouvoir d'état n'est qu'un prétexte pour mener ce combat là. C'est à dire qu'on recherche l'onction de l'état pour atteindre les objectifs cités. Pour cela il y a un leader qu'on a choisi. Il s'agit de Laurent Gbagbo. On a certes déjà exercé le pouvoir, mais l'objectif n'est pas encore atteint parce qu'on a été bloqué dans notre élan. Et il se trouve que le leader est encore en vie. Il est même devenu une icône. Alors pourquoi vouloir le changer alors que lui même se dit prêt et mobilisé malgré ce qu'il a subi ? Quelle est cette stratégie ?

Mais on s'inquiète pour son âge...

Écoutez, celui qui croule sous le poids de l'âge est encore disponible. Nous qui sommes ses lieutenants on constate qu'il a encore toutes ses facultés. Pourquoi voulez-vous qu'on l'écarte alors qu'il a mené ce combat à un certain niveau, surtout au plan international ?ce serait vraiment idiot de le changer alors que sa détermination et son nom seul suffisent aujourd'hui à faire aboutir ce combat.

Est-ce qu'il n'aurait pas été judicieux d'accepter le réajustement proposé par Affi N'Guessan pour éviter la fracture ?

Mais ça ne se négocie pas comme ça ! Et ce n'est pas à lui d'imposer que le président le choisisse de facto comme vice-président. Il n'a pas à poser des conditions.

Adhérez-vous à la thèse de la traitrise ?

Mais quelqu'un qui est sorti des principes d'un système alors qu'il en était l'un des maillons essentiels , qui prend tout son temps à vilipender son leader. Si ce n'est pas de la traîtrise, qu'est-ce c'est ?

N'avez-vous pas peur que le parti vole en éclat ?

Non! Les grands partis ont toujours fonctionné comme ça. Il y a toujours des départs. Mais le grand bloc reste . Et on sait ce que deviennent ceux qui partent.

Ne craignez-vous pas d'autres départs?

Il peut y avoir des départs. Mais vous n'imaginez pas le nombre d'arrivées depuis l'annonce de la création d'un nouveau parti par le chef.

La ville de Hiré, votre circonscription est dans la précarité alors qu'elle est encerclée par trois mines d'or. Qu'est-ce qui ne va pas ?

C'est pour cela que je l'appelle souvent la ville au mille paradoxes. Et je n'arrive pas à me l'expliquer. Je pense que c'est une injustice qui est faite à cette ville au vu et au su de tout le monde.

On attend de vous des solutions, en tant qu'élu...

Ce n'est pas à moi de trouver des solutions. Mon rôle est de dénoncer ce qui ne va pas. Dans ce pays, on met le goudron partout, mais pas à Hiré, l'une des zones qui produisent les richesses du pays.

Vous pensez à un chantage politique ?

Non! Je dirai plutôt qu'il faut que les gens aient un regard plus humain et plus objectif sur le développement de cette ville.

C'est-à-dire ?

Il faut que l'état investisse dans le développement de Hiré. Pour une ville aurifère d'une telle capacité, le principe veut qu'elle soit coquette, bien tracée et bitumée.

Vous êtes membre d'un comité mis en place dans ce sens et qui reçoit des fonds, n'est-ce pas ?

Je vous apprends déjà que ce comité est présidé par le préfet et je ne suis qu'un membre. Je veux dire que la composition de ce comité me dérange. Il n'a pas toujours été comme ça. C'est en 2018 que le nouveau préfet a demandé à exclure les cadres des villages impactés du CDLM. Et je ne sais pour quelle raison.

Voulez-vous nous dire que le CDLM est tombé dans l'escarcelle de l'état ?

Bien sûr ! Le CDLM qui était une propriété des villages impactés est aujourd'hui géré par des cadres de l'administration. Au point où ceux qui sont nos représentants qui, pour la plupart n'ont pas une bonne connaissance des dossiers, ne peuvent pas mener de débat avec les autorités administratives en face.

Mais il est reproché aux cadres de n'avoir pas fait ce pourquoi la structure a été créée

Je ne pense pas. Vous savez, en Afrique, les choses sont très difficiles. Lorsque le CDLM a été créé, il y a des villages qui ont pensé qu'on remettait de l'argent aux cadres qui les représentaient pour eux. Donc des villages ont combattu leurs cadres. Les autorités ont donc profité de cette occasion pour exclure les cadres de la structure. Je veux bien qu'on remplace les cadres décriés. Mais on ne doit pas les sortir carrément de la structure.

Quel regard portez-vous sur la gestion des fonds alloués à cette structure ?

Je pense que les sommes perçues sont importantes. 400 à 500 millions de FCFA par an pour ce qui concerne les cinq villages impactés d'agbaou. Et un peu plus de 300 millions pour Hiré. Et ce depuis cinq à six ans. Je pense que ça pouvait accélérer le développement de Hiré.

Insinuez-vous que le bilan est négatif ?

Je pense qu'on aurait pu mieux faire. Regardez par exemple la voie Hiré-Zego, elle est impraticable. Alors que dans les cahiers de charges, il y a l'entretien des routes. Même les voies intérieures de Hiré. Peut être que ce sont les populations qui ne priorisent pas les routes.

Parce que ce sont elles qui choisissent ?

Oui! C'est aux populations d'exprimer par an leur priorité. Peut être que les besoins sont tels qu'on oublie les routes.

Avez-vous des propositions de réformes pour l'amélioration des choses ?

La première des choses, c'est de réintégrer les cadres. Ensuite,il faut qu'il y ait un vrai débat au cours des réunions.

Vous pensez que les débats ne sont pas francs ?

Les débats ne sont pas démocratiques.

Les populations ne s'expriment pas ?

Elles s'expriment, mais leur point de vue n'est pas pris en compte. Elles ne peuvent pas en imposer à un préfet.

Vous pensez que c'est parce que c'est devant un préfet ?

Que voulez-vous qu'un paysan dise devant un préfet ? Quelle considération voulez-vous qu'un préfet donne aux propos d'un paysan?

La mairie vous intéresse- t-elle?

Ce n'est pas le moment d'en parler. Une décision politique n'a de sens que par son opportunité.

Par Emmanuel Fofana

Content created and supplied by: Emmanuelfofana (via Opera News )

Hiré

COMMENTAIRES

Chargez pour lire plus de commentaires