Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) tiendra son congrès extraordinaire le 30 mars 2023. Enfin !, pourrait-on dire, tant ce congrès était attendu par les militants. En effet, cela faisait bientôt 10 ans que cette instance décisionnelle du parti ne s’était pas réunie. C’est donc avec enthousiasme que les militants du PDCI iront à ce congrès, avec la ferme volonté de mener une réflexion profonde sur la vie du parti. Cette réflexion ou ce débat nécessaire et incontournable, le vice-président Noël Akossi Bendjo l’a déjà ouvert. Mais malheureusement, nombreux sont ceux qui, au sein du parti, ne l’ont surement pas bien compris et qui en ont déduit qu’il s’agit d’écarter le président Bédié pour se positionner.
Alors, que fallait-il comprendre dans la sortie d’Akossi Bendjo ?
Une seule chose : la nécessité de poser avec courage le diagnostic du parti, de faire le bilan des 23 ans passés dans l’opposition et de dégager les perspectives de la marche en avant du PDCI-RDA. Parce qu’en réalité, à y voir de près, il ne s’agit nullement d’un problème de personne. C’est pourquoi, focaliser le débat sur la personne du président Bédié ou celle du vice-président Akossi Bendjo, ce serait faire fausse route.
Que voulait dire Bendjo en parlant de « changement de logiciel au PDCI » ? Le logiciel, faut-il le rappeler, est un terme informatique qui désigne un ensemble des programmes et des procédures nécessaires au fonctionnement d'un système informatique. Ramené dans un contexte politique, notamment celui du PDCI-RDA, cela voudrait dire que le parti doit changer sa manière de fonctionner, réorienter sa politique et revoir ses procédures internes pour se donner toutes les chances de reconquérir le pouvoir d’Etat. De ce point de vue, on est bien loin du débat de personnes. Mieux, le vice-président va plus loin en disant que le parti doit se réinventer pour faire à nouveau rêver les Ivoiriens.
De fait, tous les observateurs de la vie politique ivoirienne ont unanimes. Le PDCI ne fait plus rêver. Il ne fait rêver ni ses propres militants, d’où la transhumance vers le RHDP, encore moins les Ivoiriens dans leur ensemble. Pour preuve, lors du 1er tour de la présidentielle de 2010, le PDCI-RDA est arrivé officiellement en 3ème position derrière le FPI et le RDR. Depuis lors, le parti a perdu de nombreux bastions et bon nombre de cadres ont déserté la maison.
Comment faire pour que le PDCI redevienne cette machine électorale qui broyait tout sur son passage jusqu’en 1999, sans tenir compte de la période du parti unique? Comment repositionner le PDCI-RDA comme la première force politique en Côte d’Ivoire ? Là sont les bonnes questions qu’il convient de poser. Et l’ancien maire du Plateau a eu le courage de les poser d’emblée, en mettant les pieds dans le plat. C’est finalement cela le fond du débat qu’il a soulevé et qui mérite d’être mené en profondeur. Et non un débat autour de la personne du président Bédié ou de sa propre personne.
D’ailleurs, le Conseiller du président Bédié chargé de la réconciliation et de la cohésion sociale n’a pas manqué de relever que ce ne sont pas les cadres et les compétences qui manquent au sein du parti, s’il était question que les militants désignent un cadre à même de porter haut les couleurs du parti. Mais là n’est pas la question. C’est plutôt tout le système (le logiciel) qu’il faut revoir, peu importe la personne au-devant, afin de faire revenir le PDCI-RDA au premier plan.
Au cours du congrès extraordinaire du 30 mars prochain, les militants devraient avoir la lucidité de poser les bonnes questions, de faire le bon diagnostic et faire le bilan, sans complaisance, de la vie du parti afin qu’il en ressorte plus fort pour la reconquête du pouvoir d’Etat en 2025.
Sébastien Levry
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