La théorie du grand remplacement
S.E.M Kaïs Saïed, lors du Conseil de Sécurité National de Tunisie ce mardi 21 février 2023 a fait une déclaration dont certains aspects ont vite fait d’inquiéter l’opinion dans le monde en Général, mais en Afrique Subsaharienne en particulier. Il a entre autres dénoncé « un plan criminel préparé depuis le début de ce siècle pour métamorphoser la composition démographique de la Tunisie » et le fait que « certaines parties ont reçu de grandes sommes d’argent après 2011, pour l’établissement des immigrants irréguliers subsahariens en Tunisie, assurant que l'objectif non annoncé des vagues successives de la migration clandestine étant de considérer la Tunisie comme un État africain n’ayant aucune appartenance arabe et islamique ». Est-ce un sentiment profond partagé et ressenti par la classe politique Tunisienne ? Ou s’agit-il juste d’une question de stratégie visant à mettre à nu des manœuvres obscures de certains politiciens ?
Cette déclaration nous rappelle étrangement la théorie du « grand remplacement » de Renaud Camus qui dans le contexte Français, estimais également que certains complots étaient fomentés dans le but de dénaturer la société Française. Selon sa théorie exposée dans un essai publié en 2011, l’écrivain énonce la transformation quantitative et qualitative de la société par des flux migratoires constant. Une théorie qui a beaucoup inspiré les réflexions du Front National en France. Nous rappelons que cet essai a été dans un contexte où la France en 2011 comptait 6% d’étrangers. Aujourd’hui, la Tunisie ne compte moins de 0,1% de population d’Afrique subsaharienne. Mais tout comme Renaud, le Parti Nationaliste Tunisien présidé par Sofien Ben Sghaïer a beaucoup œuvré ces derniers mois pour mettre cette théorie du grand remplacement à la page en Tunisie. Cette propagande a donc préparé le terrain et les esprits depuis le début d’année pour de telle déclarations et autre mesure du Président Tunisien.
Les Déclarations de M Kaïs Saïd ne font pas l’unanimité en Tunisie
La Tunisie qui a connu ces dernières années un bon nombre de difficultés économiques et socio-politiques n’avait vraiment pas besoin d’un tel incident. En dehors du Parti Nationaliste Tunisien, ces déclarations ne sont pas cautionnées par toute l’opinion Tunisienne. En effet, des voix discordantes commencent à se faire entendre de plus en plus comme en témoignent les communiqués de dénonciation et même les marches de protestation de plusieurs acteurs de la société civile en Tunisie. Certains y voient même une manœuvre de diversion du Président dont le but est de distraire le peuple des résultats économiques qui ne sont pas très bons depuis sa prise du pouvoir.
Les relations Tunisie-Cote d’Ivoire
La Selon les chiffres de la diaspora Ivoirienne en Tunisie, 20.000 ressortissants Ivoiriennes seraient sur le sol Tunisien avec plus de 3/4 en situation irrégulière. Mais officiellement, les autorités Tunisiennes annoncent 7000 ressortissant reconnus. Il est claire qu'une telle situation entraîne forcément des désagréments. Mais depuis plusieurs jours, les autorité Ivoiriennes qui ont optées pour un style de diplomatie qui est très mesurée en termes de déclarations sont silencieuses sur la question. A ce jour, aucune déclaration ni communiqué officiel mais les tractations se poursuivent.
De 500 en 2016, les ressortissants Tunisien vivant en Côte d’Ivoire étaient au nombre de 2000 en 2021. Il Faut cependant rappeler qu’au plan économique, les exportations Tunisiennes ont bondi de, 61% en 2021 pour se chiffrer à 74 millions US$ d’après les chiffres du Centre de Promotion des Exportations (CEPEX). En 2019, vingt-trois (23) entreprises Tunisiennes opéraient sur le territoire Ivorien et ce chiffre est passé à 160 entreprises en 2021 dont les plus célèbres sont entre autres SOROUBAT, HEXABYTE, SANIMED, ONETEH ou encore CUISINA. La Cote d’Ivoire est le premier client de la Tunisie en Afrique subsaharienne tandis que la Tunisie est le premier pays fournisseur d’huile d’olive, de plâtre et de ciment blanc en Côte d’Ivoire. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont passé de 2016 à 2018 de 26,4 millions US$ à 58,95 millions US$.
Il est donc important de préserver les bonnes relations entre ces deux pays et de surtout surveiller les idéologies qui peuvent déboucher sur des dérives identitaires ou raciale. Certains propos, messages et autres attitudes sur les réseaux sociaux de part et d’autre peuvent faire naitre certaines inquiétudes.
En mai 2021, une vidéo présentant des prétendus soldats nigériens maltraitant des prétendus ressortissants Ivoriens avait en quelques heures créé quelques incidents à Abobo dans une commune au nord de la capitale en guise de représailles avant que la vérité ne fût rétablie et que des arrestations ai été menées.
Au vu des chiffres illustrant les relations entre ces deux pays, il serait vraiment regrettable de ternir de tels raisonnements pouvant entrainer des désastres aussi bien économiques que diplomatique pour les deux pays.
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