Photo: Serge Bri, Président du mouvement des opérateurs économiques des établissements de la nuit(MOPEN)
" Nous avons perdu notre mentor"
Serge Bri est le Président du Mouvement des Opérateurs Économiques des Etablissements de nuit(MOPEN). Un mouvement qui regroupe les acteurs du divertissement exerçant dans les bars et boîtes de nuit de Côte d'Ivoire. Il nous dresse ici un état des lieux de son univers depuis la réouverture des bars et boîtes de nuit, puis évoque du feu PM Hambak, avant de passer un message important aux Ivoiriens.
* Depuis la réouverture des bars et boîtes de nuit, quel état des lieux faites-vous aujourd'hui ?
Merci de nous donner la parole pour parler de notre univers. Pour venir à votre question, il faut tout suite dire que ce n'est pas vraiment la grande forme chez les opérateurs des établissements de nuit parce que, comme vous le savez, on continue de vivre la pandémie de la Covid-19 qui a sinistré les secteurs de notre économie dont nous faisons partie. Les Ivoiriens ont encore peur de sortir, et les espaces qui faisaient de grosses recettes n'en font plus. Il y en a même qui ont fermé parce qu'ils n'ont plus de moyens pour continuer leur activité. C'est vraiment triste, mais c'est la réalité.
* On avait appris que le gouvernement vous avait octroyé une aide pour vous redonner du souffle. Vous confirmez et qu'en est-il?
Tout à fait, nous avons reçu de l'argent, mais il faut souligner que c'était une subvention que le gouvernement nous a apporté à la suite de nos cris de détresse. Parce qu'il faut dire que pendant cinq à six mois, nos établissements sont restés fermés à cause de la Covid-19, et on avait des charges de loyer, de factures d'eau et d'électricité à régler, les jeunes que nous employons étaient sur la touche, sans aucun moyen etc. Et donc, il fallait régler tous ces problèmes. Cette subvention de l'État était donc destinée à régler tout cela. Déjà, ça nous a soulagés, c'est pourquoi nous voulons sincèrement dire un grand merci au Chef de l'État SEM Alassane Ouattara et au gouvernement de nous avoir permis d'évacuer ces problèmes, mais je le disais plus haut, ce n'est toujours pas la grande forme à notre niveau parce qu'on continue de vivre des moments difficiles.
* Croyez-vous que votre secteur d'acteur d'activité pourra un jour retrouver sa vitesse de croisière ?
Il ne faut pas se voiler la face. Ce sera vraiment impossible de retrouver notre vitesse de croisière d'antan tant qu'on continue de vivre dans cette pandémie. Voyez-vous, malgré l'autorisation de réouverture, rien ne marche. Il y en a qui n'ont même pas pu rouvrir parce qu'ils n'ont plus de capital. Ceux qui ont pu ouvrir travaille en temps partiel, et ne font plus de chiffres d'affaires comme c'était le cas par le passé.
* Qu'en est-il de la question du respect des mesures barrières? Il se dit qu'il y a des personnes qui ne les respectent pas?
Les mesures barrières sont respectées dans tous nos espaces. C'était d'ailleurs la première condition du gouvernement pour la réouverture des bars et boites de nuit que les gens accusaient à tort ou à raison d'être des vecteurs de contamination. Mais vous constatez aujourd'hui avec nous que les bars et boites ont réouvert et les cas de contamination ont considérablement baissé, parce que nous appliquons toutes les mesures de protection, à savoir lavage des mains obligatoire, port de masque, prise de température à l'entrée de nos boites et bars. Mais mieux, nous avons suspendu les séances de Zouk dans nos espaces pour éviter que les clients s'entrelacent. C'est dire que nous n'avons pas le même fonctionnement avec les boites et bars en Europe. Là bas, tout le monde danse arrêté, et on se frotte. Ici, nous avons des salons bien disposés. Alors, c'est à tort qu'on nous accusait. Aujourd'hui, les chiffres nous donnent raison.
* Avez-vous un nouveau plaidoyer à faire au gouvernement après la subvention faite?
Nous avons un ministre de tutelle qui est compétent. Mais avant d'y arriver, je voudrais souligner que nous avions un Premier ministre qui était une grande personnalité toujours à l'écoute des populations. Je veux parler du feu Premier ministre Hamed Bakayoko. Dans cette crise que nous traversions, il prenait la peine d'appeler chaque patron de bars et boites de nuit pour s'enquérir de nos nouvelles.
* N'est-ce pas parce qu'il était de votre milieu?
" Le taux de contamination de Covid-19 va remonter si..."
Non, il fut membre de notre milieu par le passé, donc il sait nos réalités. Mais ce que je veux dire, c'est un grand risque qu'il a pris en allant convaincre ses collègues du gouvernement d'ouvrir les boîtes et bars. Il a eu des discussions en interne avec nous parce qu'il sait nos réalités ; il a posé des conditions notamment sur le respect des mesures barrières et nous lui avions donné des garanties et il est allé convaincre le Chef de l'État pour que la réouverture soit effective. Avant lui, quatre ministres nous ont reçus, à savoir le ministre de l'emploi et de la jeunesse Touré Mamadou qui est un monsieur simple et accueillant, celui du Tourisme, la Ministre de la Solidarité d'alors, celui de la Santé aussi, celui de la Sécurité, la Présidence de la République aussi nous a écoutés. Et nous avons exposés nos arguments. C'est à la suite de toute cette démarche que cette décision de réouverture est tombée. C'est un travail de fond qui a été fait. Les gens pensent que les choses sont arrivées comme cela.
Paix à son âme, le PM Hamed n'est plus de ce monde mais il sait que nous avons respecté les engagements pris, et le résultat atteste aujourd'hui que nos lieux de détente ne sont pas des foyers de transmission de la Covid-19. Si le gouvernement décide encore de la fermeture, c'est sûr que le taux de contamination va grimper à nouveau parce que les Ivoiriens qui aiment vivre la joie, qui ne sont pas habitués au stress, vont organiser des soirées à domicile et sans prendre les mesures, les gens vont rester dans leur maison, danser, s'entrelacer et voilà la contamination qui va remonter.
Quant à notre Ministre de tutelle, M.Siandou Fofana, Ministre du Tourisme et des loisirs est un homme compétent. La preuve, il a été reconduit à son poste au moment où certains pensaient qu'on allait l'enlever. C'est un monsieur qui connait son travail. Aujourd'hui, il nous demande de passer à la phase de professionnalisation de notre milieu car beaucoup parmi nous n'ont même pas l'autorisation de fonctionner. Et pourtant, on paye les taxes, au Burida, la mairie, les impôts etc. Beaucoup ne savaient même pas que leur corporation fait partie du ministère du tourisme et des loisirs. C'est à la faveur de la Covid-19 qu'on les a informés. Notre ministre de tutelle a pris récemment un arrêté pour la création d'un guichet unique où chaque acteur, une fois à ce guichet pourra régler les problèmes de mairie, Burida etc. Certes, le gouvernement nous a permis de bénéficier d'une subvention pour les charges (électricité, eau, loyer, personnel) mais on nous a aussi promis de nous venir en aide pour la relance de nos activités. Nous attendons donc cette aide aussi.
* On vous a vu organiser une messe en la mémoire de feu le PM Hamed. Votre action s'arrête là ou bien vous prévoyez organiser un concert d'hommage ?
" Pour cette initiative, des gens nous ont torpillés "
Vous savez, le PM Hamed nous a beaucoup aidés dans cette situation. Malheureusement, il nous a quittés trop tôt. C'est pourquoi nous avons voulu organiser cette messe en sa mémoire pour que Dieu puisse lui pardonner tous ses péchés commis sur cette terre. Et nous l'avons fait de façon sincère. Je vais vous faire une confidence. Quand on a parlé de cette action, des gens sont allés nous torpiller auprès de la famille pour dire pourquoi une messe à l'église pour quelqu'un qui était musulman. Mais nous avons approché la famille et expliqué notre démarche. Sa femme qui est chrétienne nous a soutenus et Dieu merci la famille s'est jointe à nous pour que tout se déroule dans le calme. Ce n'était pas pour faire du tape à l'œil. Nous sommes un mouvement apolitique. On voit que les gens font tout ici en politique. Nous n'avons pas voulu faire les choses à leur façon. Et puis, il y a déjà eu un grand concert à l'hommage de l'homme. Ce que nous prévoyons faire bientôt va marquer tout le monde, mais souffrez que je n'en pas plus, mais vous allez voir ça.
* Quel est votre mot de fin?
C'est d'abord de demander à tous nos membres de continuer à respecter scrupuleusement les mesures barrières car la maladie est toujours là et réelle. Leur dire surtout que notre mentor, je veux parler du feu PM Hamed n'est plus là pour nous aider, même si nous avons encore notre ministre de tutelle qui reste toujours à notre écoute, il est mieux de continuer à respecter ces mesures, pour notre propre santé et celle de notre clientèle. Ensuite demander aux Ivoiriens d'éviter le stress et de revenir s'amuser dans nos boites et bars qui ont pris toutes les dispositions sanitaires. Qu'ils partent se faire vacciner pour se protéger de la maladie. Et enfin, dire merci au Chef de l'État et à l'ensemble du gouvernement pour la subvention apportée aux acteurs de la nuit, mais nous attendons toujours l'aide pour la relance de nos activités. Enfin, nous dire merci à notre ministre de tutelle pour son soutien inlassable, ainsi qui à celui de la jeunesse et de l'emploi qui est un homme humble et qui est également très ouvert et prêt à nous écouter. Que Dieu bénisse notre pays.
Réalisée par José TETI
Content created and supplied by: Jose_Teti (via Opera News )
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