Elles ont bravé la privation, la solitude et les affres de la prison et en sont sorties plus engagées et déterminées que jamais. Elles, ce sont les femmes de Générations et Peuples Solidaires, mouvement politique mis en place par l’ex PAN, Guillaume Soro depuis sa rupture avec la mouvance présidentielle.
Au plus fort de la tourmente en décembre 2019 alors que la quasi-totalité de la haute direction de ce parti était derrière les barreaux après le retour manqué de son leader générationnel, ce jeune mouvement à peine naissant se retrouvait aussitôt au creux de la vague. C’est dans cette atmosphère tendue faite d’incertitudes et de peur que le patron de ce mouvement, Guillaume Soro reclus en exil a choisi de confier les rênes de son mouvement à 24 amazones avec à leur tête Anne-Marie Bonifon.
A quoi répondait cette stratégie de mettre en avant des femmes alors que la foudre du pouvoir s’abattait sur ce mouvement politique ? Guillaume Soro avait-il en mémoire les hauts faits d’armes de femmes leaders précurseurs de la lutte émancipatrice de la Côte d’Ivoire telles Anne-Marie Raggi, résistante et leader du mouvement de la marche des femmes sur Grand-Bassam le 6 juin 1949 aux côtés de Marie Koré pour libérer leurs époux emprisonnés, Mamba Bakayoko, une ivoirienne de 76 ans morte en prison après plus d’un an de détention à la prison d’Abidjan pour avoir montré aux femmes la voie de la résistance face à l’administration coloniale, Massaran Keita épouse du détenu politique Camara Lamad, Moussokoro Camara ou encore Jeanne Gervais ? Ou bien ces nominations répondaient plus à une volonté de protéger les hommes de son mouvement des vagues d’arrestation en cours en ce moment ? Toujours est-il qu’avec du recul, le temps semble lui avoir donné raison.
A l’épreuve du feu, ces femmes ne se sont pas reniées. Quatre d’entre elles seront arrêtées lors des contestations politiques précédant la présidentielle d’octobre 2020. Il s’agit d’Anne-Marie Bonifon, coordonnatrice nationale du GPS, Henriette Sonnebo Guei, Naminata Koné, Kouignignon Irène Pan épouse Todé qui avaient été arrêtées le 13 août 2020 à Cocody, à l’occasion d’une marche de l’opposition contre la candidature du président sortant Alassane Ouattara candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020.
Six mois plus tard soit le mercredi 27 janvier 2021, ces femmes militantes du parti de Guillaume Soro ont recouvré la liberté. La prison n’aura nullement entamé leur engagement politique. Dans une interview après sa libération Anne-Marie Bonifon déclarera « Nous avons retrouvé la famille GPS toujours unie, déterminée à continuer cette lutte pour une nouvelle Côte d’Ivoire réunie et avec son Excellence Soro Kigbafori Guillaume et son Mouvement Générationnel qui est Générations et peuples Solidaires » avant de clarifier à un moment où le nomadisme ou la transhumance politique semble la donne « Moi, Anne Marie Bonifon, je reste et demeure GPS avec son Excellence Soro Kigbafori Guillaume ».
Contrairement à ces amazones qui sont restées fidèles à leur parti en dépit des difficultés et des épreuves, l’on a assisté avec ahurissement et grand étonnement à une réaction contraire du côté des hommes. Il est vrai que sous nos tropiques, le jeu démocratique est encore balbutiant et loin d’être un cours d’eau tranquille et les leaders de l’opposition l’apprennent bien souvent à leurs dépens. Alors dans le tourment de la tempête et face aux vents impétueux de la répression qui soufflaient de toute part là où des femmes sont demeurées stoïques et constantes avec leurs convictions, des hommes qui comptaient dans le cercle restreint de Guillaume Soro ont choisi tout simplement de retourner casaque. Les idéaux et les convictions qui ont fondé l’engagement politique de ces hommes ont fondu comme beurre au soleil dès les premières épreuves.
Honneur aux femmes pourrait-on dire car elles ont donné une leçon de fidélité et de loyauté aux hommes en ne sautant pas de la barque alors qu’elle semblait couler.
Tout porte à croire qu’en 1949 comme aujourd’hui, la femme demeure un modèle d’engagement, de détermination et de fidélité quand une cause rencontre son adhésion. Il est vrai que la politique reste l’apanage des hommes et un milieu difficile dans lequel elles doivent surmonter des embûches au quotidien mais l’exemple des femmes de GPS et de bien d’autres femmes leaders politiques à travers le monde démontre qu’elles méritent bien plus que ce que les strapontins qu’on leur sert.
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