À quelques semaines de la commémoration du 10ème anniversaire de la prise effective du pouvoir par Alassane Ouattara, le bilan de sa gestion sur le plan politique, est saisissant. Lorsqu’il s’empare du pouvoir le 11 Avril 2011, l'ex DGA du Fonds Monétaire International (FMI) est soutenu par une coalition d’alliés, dont l'apport a été plus que décisif dans son duel face à Laurent Gbagbo.
Sur le plan politique, son parti, le Rassemblement Des Républicains (RDR), icône de la droite libérale dans le microcosme politique Ivoirien, est en alliance avec le PDCI-RDA d'Henri Konan Bédié, parti conservateur dont il est issu, et d'autres formations politiques telles que l'UDPCI, autre bourgeon du PDCI-RDA, ou encore l'UPCI et le MFA.
Au second tour de l’élection présidentielle, le 28 Novembre 2010, le mentor des Républicains réalise des scores plus qu’honorables dans toutes les régions du pays, en dehors de son bastion traditionnel du Nord.
Cette performance, il la doit intégralement à l'appui de ses alliés, notamment le PDCI-RDA, solidement ancré sur le plan géopolitique. Militairement, la rébellion des Forces Nouvelles (FN), dirigée par le premier ministre d'alors, Guillaume Soro, prend fait et cause pour lui. Pour le co-signataire des accords politiques de Ouagadougou, les calculs sont clairs. Si à l’issue du deuxième tour du scrutin, le verdict des urnes tourne en faveur de Ouattara, Laurent Gbagbo devra se retirer sans autre forme de procès. Mais, les choses se compliquent. Et ce schéma, le chef de la rébellion l'a prévu.
D'abord, l'on assiste à une cacophonie au niveau de la proclamation des résultats par la Commission Électorale Indépendante (CEI). Les membres de la commission centrale de l’institution ne parviennent à se mettre d’accord sur les chiffres transmis par les commissions locales. S'ensuit une période d’attente épouvantable pour les Ivoiriens, de quelques jours.
À la télévision nationale, les tensions éclaboussent les opérations de dépouillement. L’opinion publique est scandalisée à la vue du geste violent du représentant de La Majorité Présidentielle (LMP), Damana Pickass, en train de déchirer les procès-verbaux que s’apprêtait à lire le porte-parole de l’institution, Yacouba Bamba, jugé proche de l’opposition. Pour, dit-t-il, échapper aux menaces dont il aurait été l’objet, le président de la CEI, Youssouf Bakayoko, membre du PDCI-RDA, trouve refuge à l’hôtel du Golf, où était installé le QG de campagne du candidat Ouattara. C’est de là qu'il annoncera les résultats donnant Alassane Ouattara vainqueur face au président sortant, Laurent Gbagbo, avec 54,1% des suffrages exprimés contre 46,90% pour son challenger.
Des résultats qui seront rejetés par le Conseil Constitutionnel, dirigé par un proche du chef de l’état, Paul Yao Ndre, qui lui tranche en faveur de Laurent Gbagbo. La suite, on la connaît. Les médiations entreprises par la communauté internationale pour contraindre le chef de l’état sortant à abdiquer vont toutes échouer.
C’est finalement par la voie militaire que ce contentieux électoral prendra fin, avec ce qu'on a appelé, le conflit postélectoral qui a fait au moins 3000 morts. Pour défendre la cause du ‘’vainqueur reconnu par la communauté internationale’’, la rébellion des Forces Nouvelles intervient, appuyée par l’armée Française, qui multiplie les raids aériens sur les positions des forces pro-Gbagbo, jusqu’à ce que ce dernier soit capturé, dans la matinée du 11 Avril 2011.
Le pouvoir acquis, la lune de miel entre les alliés durera tout de même 6 longues années, avant que ne commencent véritablement à apparaître les premiers signes de friction en 2017, avec la mise à l’écart l’écart progressive de Guillaume Soro, soupçonné d’être derrière les mutineries de soldats de l'ex rébellion, qui réclamaient le paiement de primés de guerre pour leur participation à la prise de pouvoir du régime en place.
Un an plus tard, c’est Henri Konan Bédié qui prend ses distances d'avec son ‘’jeune frère’’, Alassane Ouattara. Le RHDP en tant que coalition vient de se briser. Place au RHDP parti unifié. Essentiellement constitué des militants du RDR, renforcés par ceux de l’UDPCI, le projet n’intéresse pas Guillaume Soro.
Le président de l’assemblée nationale qu’il est à ce moment là, a des ambitions, et il veut aussi briguer la magistrature suprême. Autour du chef de l’état, les faucons du régime, le jugent ‘’trop pressé’’, car ‘’trop jeune’’ (46 ans). Mais, la tendance mondiale démontre le contraire. À 39 ans, Emmanuel Macron venait de se faire élire en France en tant que président de la république. Très vite, les dissensions s'approfondissent.
Guillaume Soro se rapproche d'Henri Konan Bédié. Exaspéré par ce rapprochement, et surtout par l’intransigeance dont fait preuve ‘’son fils’’ qui refuse de rallier le parti unifié, officiellement lancé le 26 Janvier 2019, Alassane Ouattara pousse Soro à la démission du perchoir du parlement.
Le 08 Février 2019, l'ex leader syndicaliste annonce sa démission. Le pavé est ainsi jeté dans la mare. Pour Ouattara, c’est assurément l’erreur politique la plus grosse qu’il ai commis. Avec le recul, l'on se rend compte que le fin stratège politique qu’il est, aurait mieux pu négocier les ambitions, indéniablement légitimes du numéro 2 de son régime. Le tout, était de ne pas laisser Guillaume Soro rompre les amarres.
Populaire, charismatique, expérimenté dans la gestion des affaires de l’état, Soro Guillaume avait le profil idéal pour assurer la relève du président Ouattara. Ses 8 années à la tête de la rébellion, à l’époque, soutenue par les partisans du RDR, avaient réussi à établir entre lui et la base du parti, une relation de confiance.
Mieux que tous les autres cadres autour de Ouattara, Soro était pressenti pour être le successeur putatif du dirigeant Ivoirien. Sur ce coup, Alassane Ouattara semble avoir manqué de tact dans l’abordage du cas Soro, dont la seule présence dans la sphère de décision du parti, suscitait de l’assurance chez les militants.
En se séparant de Soro, Ouattara s'est par ricochet, séparé d'une bonne partie de son électorat traditionnel, et créé un adversaire politique redoutable, dont les méthodes échappent au pouvoir.
À l'heure où le RHDP se cherche un héritier idéal pour succéder à Ouattara, Guillaume Soro aurait pu faire l’unanimité, du moins dans la base, S'attendait-t-il, en laissant Soro partir, à une telle adversité ? Certainement pas…mais, à présent que le vin est tiré, il faut le boire. Car, il paraît utopique d'imaginer Soro faire marche arrière.
Raoul Mobio
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COMMENTAIRES
KIFAYAPREMIER
03-20 12:42:06"Avec le recul, l'on se rend compte que le fin stratège politique qu’il est, aurait mieux pu négocier les ambitions, indéniablement légitimes du numéro 2 de son régime." Comment peut-on négocier et aboutir à un compromis avec quelqu'un qui ne veut rien entendre ? Si erreur il y a eu, c'est plutôt Soro qui l'a commise en rompant avec Ouattara. Car aujourd'hui, avec le décès de Gon et Hambak, Soro Guillaume aurait eu un boulevard devant lui pour réaliser ses ambitions présidentielles.
VantouraPremier
03-20 22:12:49La plus grosse erreur de Dramane c'est son 3ème mandat
GUEST_EElNbeYk2
03-20 11:31:05très mauvaises lecture et analyse politique sinon tu aurais compris que Ouattara n'avait d'autre choix que de se séparer de soro car sa vie même en dependait