Les législatives de mars 2021 ne seront pas une partie de plaisir pour le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), loin s’en faut. En plus de la coriace concurrence que va lui imposer la paire Pdci-Fpi, le parti présidentiel devra faire face à des candidatures dissidentes de certains de ses propres cadres.
Les élites du Rhdp en veulent toujours plus
La base demande à Hamed Bakayoko (à gauche) de calmer ses ardeurs (photos Web)
Ils sont déjà ministres, maires, présidents de Conseils régionaux, mais ils veulent encore plus. Le poste de député, c’est la quête du saint Graal, c’est comme ceindre le diadème. Cette gloutonnerie des élites du parti au pouvoir constitue le ventre mou du régime. Dans plusieurs circonscriptions électorales, le vent de la contestation gronde. À Séguéla par exemple, on assiste à une fronde profonde contre la candidature d’Hamed Bakayoko. On lui reproche qu’en plus d’être le député sortant de Séguéla, il est en plus maire d’Abobo, ministre de la Défense et Premier ministre de la République, depuis la mort d’Amadou Gon Coulibaly. Trop, c’est trop clament en chœur des cadres de cette localité qui veulent eux-aussi sortir de l’ombre. À Bouaké, le ministre des Transports, Amadou Koné est lui aussi candidat. À Daloa, c’est le ministre Touré Mamadou qui lorgne ostensiblement l’un des sièges. Idem pour San-Pedro où Félix Miézan Anoblé, ministre de la Promotion des PME, député sortant, veut rempiler. À Katiola, on se chamaille sur le choix de la direction qui n’est pas en accord avec la volonté de la base.
La base gronde de plus en plus fort
Le choix de la direction n'est pas du goût de la base, comme ici à Katiola
Dans pratiquement toutes les régions, ça bouillonne et la contestation se fait sourde. C’est ainsi que le lit des candidatures indépendantes se creuse. La discipline n’étant pas le fort de ce parti héritier du Rassemblement des républicains (Rdr), il est évident que tous ces cadres frustrés ne vont pas se ranger docilement sur le bord de la route et regarder toujours les mêmes, rouler carrosse. Le pari du régime, c’est bien sûr, la majorité présidentielle et la majorité parlementaire. C’est l’idéal pour une gouvernance sans heurt. Chacun sait que dominer l’Assemblée nationale et le Sénat est un enjeu crucial pour le parti au pouvoir qui voudrait bien avoir les coudées franches pour gouverner. Ce pari devient pour ainsi dire, davantage problématique du fait de la gourmandise de ses cadres les plus en vue. Si le régime perd cette majorité au Parlement et est obligé à une cohabitation, l’on assisterait alors à une situation inédite en Côte d’Ivoire, avec de réelles incertitudes sur les cinq prochaines années. L’opposition n’ayant pas encore fait tout le deuil de la présidentielle, elle attend le régime au tournant, notamment sur le terrain du vote des lois et approbations de mesures nécessaires à la gouvernance. En tout cas, le Rhdp ne sera plus seul à dicter sa loi, comme en territoire soumis et conquis.
La bataille pour le contrôle de l’hémicycle s’annonce épique
Dominer le Parlement, un enjeu de pouvoir
Il y a un autre enjeu qui est lui, d’ordre politique. Gagner les élections législatives pour le régime d’Abidjan serait une sorte de légitimation de la présidentielle controversée du 31 octobre 2020. La majorité légale serait alors confortée par la légitimité issue des urnes. Dans le cas contraire, l’opposition aura beau jeu de dire que la Côte d’Ivoire est gouvernée par un pouvoir minoritaire et illégitime.
Théodore Sinzé
Content created and supplied by: ThéodoreKoffiSinzé (via Opera News )
COMMENTAIRES
BernardBle
01-12 05:26:34le cumul des postes que vous n'aviez pas aimé sous Gbagbo vous en faites votre cheval de bataille RHDP dès !!!