Après 7 ans dans les charges de Représentant spécial et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWA), Mohamed Ibn Chambas quittera le devant de la scène sous-régionale en avril prochain. Que d’échecs dans les différentes missions des Nations-Unies conduites par le diplomate ghanéen ! 

Mohamed Ibn Chambas se retire pour faire valoir ses droits à la retraite. A sa place, les Nations-Unies ont retenu la candidature du diplomate tchadien Mahamat Salet Annadif, actuellement en poste à la tête de la Mission des Nations-Unies au Mali (Minusma), pour lui succéder. C’est lui qui, à partir du mois d’avril prochain, devrait diriger le Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS) basé à Dakar.

Ibn Chambas (au c.) en compagnie des officiels ivoiriens

Quelle leçon tirée du mandat du diplomate ghanéen ?

Mohamed Ibn Chambas prendra sa retraite en avril prochain après avoir marqué les esprits et l’opinion dans la sous-région. Le 11 janvier dernier, au cours d’une réunion par visioconférence entre les membres du Conseil de sécurité, le diplomate ghanéen a évoqué la « dizaine d’élections » tenue à travers la région, dont cinq élections présidentielles, trois législatives et deux locales. « Malgré les contestations et les niveaux de violence inacceptables en Guinée et en Côte d'Ivoire, les scrutins se sont globalement bien déroulés », a indiqué Ibn Chambas, évoquant par ailleurs les cas du Burkina Faso, du Ghana et du Niger. Dans les deux premiers pays cités, le Représentant du Secrétaire général des Nations-Unies a révélé que le processus électoral n’a pas répondu aux attentes des populations. Pourtant, les Nations-Unies, à travers les missions de bons offices sous sa houlette, ont sillonné les pays cités. Plusieurs missions de « diplomatie préventive » en Côte d’Ivoire et en Guinée, en proie à de vives tensions électorales en 2020, avaient pourtant été conduites par Mohammed Ibn Chambas. L'ONU et ses partenaires ont appelé à la retenue et au dialogue politique inclusif, mieux, « d’œuvrer à la préservation de la paix, de la stabilité et de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire et en Guinée ». Sous la mission de Chambas, ces déclarations n’ont pas été traduites en acte sur le terrain compte tenu d’une posture timorée du Représentant du Secrétaire Général des Nations-Unies. Malgré ses différentes rencontres avec les leaders politiques (pouvoir et opposition), le contact en vue du dialogue n’a jamais été possible. Les questions sensibles soulevées par certaines institutions telles que la Cour africaine des droits de l’homme (en Côte d’Ivoire), les Organisations internationales de défense des droits humains, etc. ont été renvoyées aux calendes grecques. Comparativement au processus électoral et à la crise post-électorale de 2010 particulièrement en Côte d'Ivoire, Mohamed Ibn Chambas s’est débiné.

Ibn Chambas (à g.) en compagnie de Cellou Diallo, opposant guinéen

Au moment où le diplomate ghanéen quitte ses fonctions, la situation démocratique dans sa sphère de compétence ne s’est pas améliorée. Pis, les questions de libertés individuelles et de justice ont été plus que jamais mises à mal dans plusieurs Etats dans la sous-région. Espérons que son homologue tchadien Mahamat Salet Annadif, après 5 ans à la tête de la Mission des Nations-Unies au Mali (Minusma), réussira à surmonter le lourd passif que lui lègue son prédécesseur.

Content created and supplied by: Saint_Claver_Oula (via Opera News )