Le premier jour de la semaine
Le jour après le sabbat apparaît central dans le NT, caractérisé comme il l’est par la nouveauté de l’événement chrétien, la Pâque de Jésus Christ. La résurrection de Jésus est l’acte décisif de la révélation de Dieu dans l’histoire des hommes. Les évangiles s’accordent pour affirmer que Jésus est ressuscité « le premier jour après le sabbat », « le premier jour de la semaine » (cf. Mc. 16,2.9 ; Mt. 28,1 ; Lc. 24,1 ; Jn 20,1). Puisque la résurrection est le oui eschatologique que Dieu dit à Jésus comme son Fils et Messie, ce jour devint très tôt jour mémorial de l’intervention salvifique par excellence. Le quatrième Évangile affirme que les apparitions du Christ ressuscité, accompagnées par le don de l’Esprit aux disciples réunis, se situent également le premier jour après le sabbat (cf. Jn 20,19.26). Luc place l’apparition aux deux disciples d’Emmaüs le « même jour » (Lc. 24,13) que la résurrection, c’est-à-dire toujours le premier jour après le sabbat. La Pentecôte (qui se produit cinquante jours après la résurrection :7 x 7 + 1)sesitue elle aussi, selon Luc, le premier jour après le sabbat. Ainsi, la résurrection, les apparitions du Ressuscité, le don de l’Esprit Saint – soit les trois événements eschatologiques fondamentaux – prennent tous place le premier jour de la semaine, non le jour du sabbat ni un autre jour. Les chrétiens ont donc repris le rythme hebdomadaire juif mais, en vertu de la résurrection (et des apparitions de Jésus et de la Pentecôte), ils ont attribué une importance centrale au jour qui suit le sabbat. Par ailleurs, les récits évangéliques des apparitions du Ressuscité parlent souvent de repas qu’Il a pris avec les disciples. Selon Luc, le Seigneur se met à table avec les deux disciples d’Emmaüs, il prend le pain, prononce la bénédiction, le rompt et le leur donne (Lc. 24,30), et eux le reconnaissent à la fraction du pain (Lc. 24,35). Tout ceci se produit « le premier jour de la semaine » (Lc. 24,1). Le même jour, il se rend présent au milieu de la communauté des disciples réunis et mange avec eux (Lc. 24,41-43). Jean parle du Ressuscité qui, étant apparu aux disciples au bord du lac de Tibériade, les invite à manger (Jn 21,12 : « Venez, mangez ! ») et il leur donne du pain et des poissons (Jn 21,9-14). Il s’agit là d’allusions évidentes à l’eucharistie : la célébration dominicale de l’eucharistie se veut en continuité avec ce repas pris par le Seigneur avec ses disciples. En somme, c’est le lien avec l’événement pascal dans sa plénitude qui caractérise le « premier jour de la semaine » et fonde son importance dans la vie des communautés chrétiennes .
« Le premier jour de la semaine » : telle est la plus ancienne dénomination du dimanche, une dénomination de claire dérivation juive et non encore marquée en sens spécifiquement chrétien, comme le sera l’appellatif « jour du Seigneur » qui s’imposera bien vite et que l’on trouve pour la première fois en Ap 1,10. « Le premier jour » était, en effet, dans le calendrier juif le jour suivant le sabbat, et ce n’est que dans la chrétienté de langue sémitique que le dimanche continue à être appelé, aujourd’hui encore, « premier jour de la semaine » . Cette appellation, tout comme le rythme hebdomadaire des synaxes qui se déroulaient ce jour-là, dénote un lien évident avec le calendrier et la pratique liturgique juive et en particulier avec la fréquence hebdomadaire de la fête du sabbat .
La semaine juive était structurée à partir du sabbat, son dernier jour, et les autre jours ne portaient aucun nom particulier, mais étaient simplement appelés premier, deuxième, troisième jour… sauf le vendredi qui se nommait parascève (préparation) ou avant-sabbat (prosabbáton).
Les premiers chrétiens partent de la situation juive, caractérisée par un rythme hebdomadaire organisé autour du sabbat, qui était le jour de repos officiel, pour aller vers le monde méditerranéen gréco-romain, où le rythme hebdomadaire (planétaire) n’était pas encore attesté avec sûreté au ier siècle av. J.-C. et qui ne disposait pas d’un jour de fête analogue au sabbat juif.
Les chrétiens continuent donc, au début, à observer le sabbat, comme les juifs, surtout dans le territoire palestinien ; mais après le sabbat, ils sentent le besoin de faire mémoire de la résurrection de Jésus et de se réunir pour un repas appelé fractio panis, dont on peut présumer qu’il a lieu au soir du sabbat ou (en un second temps) à l’aube du jour suivant.
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