Les historiens de la Commission reviennent sur les conditions de la formation du gouvernement intérimaire.
Le rapport de la commission Duclert apporte des précisions sur un épisode chargé en symbole : les conditions dans lesquelles s’est constitué le gouvernement génocidaire et sa validation par la diplomatie française, malgré de nombreuses réserves dans l’appareil d’Etat, à Paris. Le 6 avril 1994, vers 20 h 20, la mort du président Juvénal Habyarimana, provoquée par le tir de deux missiles SA-16 contre son avion en approche de l’aéroport de Kigali, donne le signal que les extrémistes hutu attendent. Les premiers barrages se mettent en place dans la capitale rwandaise. Tous ceux qui portent la mention « Tutsi » sur leur carte d’identité sont méthodiquement exterminés.
Des coups de feu éclatent partout dans Kigali, plongée dans le chaos. Qui a lancé les missiles contre l’avion du président ? Qui tire dans la ville ? Le rapport de la commission Duclert indique qu’une note publiée par la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), diffusée très largement, insiste sur « la non-implication des forces du FPR [le Front patriotique rwandais, mouvement politico-militaire composé de Tutsi, que les généraux de l’Elysée s’obstinent à considérer comme un agresseur extérieur] dans les évènements ». Mais elle est ignorée. A Paris, la première réaction politique est mesurée : « La France ne doit en aucun cas retourner dans le “piège rwandais” et se remettre en première ligne dans un conflit auquel elle a été mêlée pendant plus de trois années », indique le rapport, pour résumer l’état d’esprit au terme d’une première réunion de crise au Quai d’Orsay, autour d’Alain Juppé.
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