Quand ils se retrouvent dans les locaux du bâtiment B du Lycée Technique de Bouaké leur accordant l'hospitalité, les juniors et jeunes espoirs de huit formations de football ne se connaissaient presque pas. Tous ont un parcours initiatique un peu similaire, mais ils viennent de centres de formation différents. Des écoles de foot des villes de Soubré, Odienné, Abidjan et de la ville hôte de la première édition du Tournoi des Savanes. Une compétition de detection de talents dédiée à la catégorie U18. 

En sus, ils viennent de toute la Côte d'Ivoire et ont dit au revoir à leur famille le temps de quatre jours (du 17 au 20 Février 2021), pour s'installer à l'internat de l'institution scolaire, là où ils ont pu se préparer pour ensuite aller tâter et fouler la pelouse du camp Génie Militaire de Bouaké.

«Si vous êtes ici, c'est qu'on a découvert chez vous du talent, une bonne attitude et un potentiel (...) La pratique du football répond à cette trilogie : passer, se déplacer et se replacer», prévient Yaya Koné, président de la Ligue de football de la région de Bouaké. S'adressant aux espoirs des équipes du Centre de formation de football de Bouaké (Cfkb), Union des centres de formation de football du Gbêke (Ucffg), Inter Fc de Bouaké, Union des centres de formation de Soubré, Touré Fc d'Odienné, Olympic sports d'Abobo, Diambars de Koumassi, Académie Traoré Massé d'Abobo (Atm). 

Les conseils prodigués par le patron du football dans le '' Gbêkê '' dresse ainsi les enjeux du futur à travers un tournoi promu par un ami et frère, Sy Servais. La consultance à lui apporter permet de réunir plus 200 jeunes footballeurs. Le Commandement supérieur du Camp Génie est présent à travers ses gradés et représentants. Le Directeur des sports de la région, Anacet N'cho est de la partie. Des fiches de notes constamment en main, certains recruteurs regardent attentivement ; et avec administration. On reconnaît l'agent de joueurs Isaac Fofana... 

De cette plate-forme, le bonheur semble tendre la main à ces éventuels professionnels du ballon rond. Avec ces nombreux invités significatifs, ces U18 espèrent résister aux difficultés du temps. Qui ne leur ont pas toujours offert ce type d'événement de formation et promotion de leur talent. 

Les concernés s'activent à de nombreux exercices balle au pied. Plus que la victoire, les pépites s'engagent dans des systèmes et tactiques de jeu prônant leur qualité individuelle au service du collectif.

C'est aussi, pour eux, une expérience de vie. Les passages des encadreurs, des éducateurs... se succèdent dans les pièces. Les plus anciens essaient d'expliquer leur expérience individuelle de ce type d'aventure. 

« Le matin c'est football, et l'après-midi également. Le soir après les matchs, c'est une ambiance de fraternité qu'on essaie de créer entre eux dans leur dortoir. Une sorte de partage d'expériences et leur savoir faire dans leur club respectif. On essaye de les occuper un petit peu toute la journée», explique Sy Servais dans les coulisses de ce stage de détection de jeunes talents.

Au finale, c'est la satisfaction d'avoir initié quelque chose de grand dans la capitale de l'ancien V Baoulé. Peut-être le V de la victoire pour une ville traditionnellement à la pointe de la promotion des footballeurs et qui attend patiemment l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations (Can) de football en 2023 pour la Cote d'Ivoire. C'est aussi ici que le football ivoirien écrit son histoire après avoir accueilli la Can en 1984. 

Les mouvements de son masque (porté pour respecter les consignes d'usage contre le Covid-19) trahissent un large sourire à la vue des trophées de récompenses aux joueurs et équipes accumulés sur les étagères. Heureux, le promoteur se satisfait de l'organisation d'ensemble « C'est notre plus grande joie pour les enfants et toute la ville de Bouaké qui doit renaître aussi à travers le football ». 

Une vraie complicité se crée entre les joueurs au fil des matchs. Ils se font des remontrances quand il le faut, ou au contraire s’applaudissent, prennent soin les uns des autres quand ils se blessent, s’encouragent : « On joue ensemble, on est une équipe ! », pour certains. « On doit gagner le trophée. Nous devons faire plaisir à nos parents», pour d'autres. 

Il est vrai que c'est l'équipe de Atm (d'Abobo) remporte le trophée final sur la formation de Osa (de la même commune d'Abobo) sur le score de 2-1. Et que l'attaquant de Inter Fc de Bouaké a été sacré meilleur buteur (4 réalisations), désigné également meilleur joueur du tournoi. Mais, des valeurs ont prévalu...

Avant les matches, ils se ressemblent en cercle, bras dessus bras dessous, et prient. Ensemble et concentrés face aux autres équipes, ils n’en perdent pas leur sens de l’humour. Des adversaires les traitent de « petites équipes» ? « On va leur montrer, ce que c’est, le foot des petites! »

Au-delà des victoires, le plus important, c’est qu’ils redeviennent, ensemble, ce qu’ils savaient faire le mieux : un jeu d'enfants. Qui se chambrent, se chamaillent, postent des photos du tournoi des Savanes sur les réseaux sociaux… Et une fois sortis des vestiaires, les amitiés restent... À jamais ! 

Par Adam Khalil 

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